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8_ Caminar ! - 5 Colloque octobre 2019

Il y a 80 ans : Espagne, un Exil Républicain


Colloque Caminar, octobre 2019 - Compte-rendu d'Alex Santana
         


Caminar
est une coordination nationale qui regroupe 18 Associations Mémorielles des Exilés de l' Espagne Républicaine. Elle organisait à Toulouse, la Capitale de l' Exil Républicain Espagnol, un colloque, les 25, 26 et 27 Octobre 2019, intitulé  : " Il y a 80 ans : Espagne, un Exil Républicain "  
L'association Memoria Andando de Decazeville est une des composantes de la coordination Caminar. Toujours fidèle à son Devoir de transmission de la Mémoire des Républicains Espagnols, elle était représentée par son Président, Jean VAZ, qui après de longues recherches aux archives de Rodez, présentait son exposé intitulé  : « Les Républicains Espagnols en Aveyron de 1937 à 1960 ».

 
Une vingtaine d'intervenants a partagé ses recherches avec le nombreux public de l'Espace Roguet à Toulouse. Les trois thèmes développés lors de ces trois jours étaient  :
          - La République de l'exil, les camps, vie sociale, culturelle et politique, résistance.
          - Répression, vie et résistance dans et hors des camps.
          - Un exil intérieur. Le franquisme en Espagne, oppression sociale et politique, répression, résistance et lutte pour les libertés.

 
Le premier intervenant était Jean ORTIZ, professeur d'Université à Pau et bien connu dans le Bassin de Decazeville car son père y était mineur. De plus, il est venu plusieurs fois présenter avec Memoria Andando des documentaires au cinéma La Strada ou à la Salle Yves Roques. Son exposé s'intitulait  : « La Retirada : un exil d'indésirables  ». En effet, les autorités françaises considéraient les Républicains Espagnols qui arrivèrent massivement lors de la Retirada de février et mars 1939 comme « dangereux pour la sécurité nationale ».

 
Puis intervenait Geneviève DREYFUS- ARMAND, Présidente d' Honneur de Caminar, Directrice de la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC), Conservateur Général Honoraire des Bibliothèques. Elle présentait son exposé intitulé « Des exodes de la guerre d' Espagne à la Résistance ». Geneviève DREYFUS- ARMAND est sans conteste, la référence en France de l'Exil Républicain Espagnol. Elle rappela que la Guerre d'Espagne était une véritable guerre d'extermination menée par les militaires fascistes commandés par le général Franco. Ces derniers voulaient renverser la jeune IIème République mise en place après la victoire du Front Populaire aux élections démocratiques et légales d'avril 1931. Ils organisèrent un coup d'état le 18 juillet 1936, soutenus par deux autres fascistes européens, Hitler et Mussolini, et leurs armées (soldats, avions, chars d'assaut, etc.). La Guerre d'Espagne qui dura trois ans provoqua plusieurs exodes de population, dont le dernier en février 1939, après la chute de Barcelone aux mains des fascistes. Près de 400 000 personnes, militaires, civils, femmes, enfants, vieillards, blessés, passèrent la frontière.

Les pouvoirs publics français organisèrent des camps de concentration pour parquer ces «  indésirables  » sur le littoral méditerranéen et à l'intérieur. Le camp le plus près de Decazeville se trouvait à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne. Environ 16 000 hommes furent emprisonnés dans une clairière bordée d'une forêt, encerclée par des fils barbelés surveillés par des militaires, des gendarmes et des soldats africains de l'Armée française. En février 1939 le plus jeune des internés avait 14 ans. Il s'agit de Joaquín PRADES qui vit à Caussade. Geneviève DREYFUS- ARMAND vient de publier un ouvrage de référence dont le titre est  : « Septfonds 1939 – 1944. Dans l'archipel des camps français ».


De nombreux intervenants, en se basant sur de nombreuses recherches dans les archives départementales, évoquèrent les camps où furent entassés les Républicains espagnols  : Collioure, Argelès, Port - Barcarès, Gurs, Bram, Le Vernet d'Ariège, Septfonds, Saint Cyprien, les trois camps près d' Angoulème, dans l' Allier, la Haute-Saône et tant d'autres en France ou dans les colonies d' Afrique du Nord, et leur dérive disciplinaire. D'autres évoquèrent l'accueil des enfants réfugiés dans des colonies, par exemple dans les Pyrénées Orientales. Quelques organismes internationaux ont aidé ces prisonniers. La Spanish Refugees Aid et le Joint Anti-Fascist Refugee Comitee ou les Quakers des Etats – Unis, des organismes de France comme Solidaridad Internacional Antifascista ou Democracia Democràtica Española, des organismes anglais, allemands, suèdois et suisses. Ainsi la Ayuda Suiza acheta un châteeau à Elne près de Perpignan pour en faire une maternité. Beaucoup de femmes emprisonnées dans les camps du littoral vinrent y accoucher. De plus, arrivés avec la Retirada, des médecins, infirmiers ou aides soignants espagnols formés sur place, ouvrirent l' Hôpital Varsovie, aujourd'hui Joseph Ducuing, Le médecin Stéphane ACZEL et Alain RADIGALES, ancien Directeur de cet hôpital exposèrent leur travail intitulé  : « A propos de la création de l'Hôpital Varsovie – Joseph Ducuing, un îlot de solidarité républicaine ». D'autres évoquèrent des parcours personnels ou de membres de leur famille.

 

D'autres intervenants comme Véronique MOULINIÉ ou Gérard MALGAT évoquèrent l'intense activité culturelle, artistique, sportive dans les camps. On parlait souvent d' « Universités des Sables ». En effet, parmi les prisonniers il y avait beaucoup d'intellectuels, auteurs, poètes, peintres, sculpteurs, enseignants, qui proposaient des ateliers pour que leurs compagnons d'infortune oublient temporairement l'univers concentrationnaire. Max AUB, dans plusieurs de ses livres parle du quotidien des camps dans lesquels il a été interné, surtout du Vernet d'Ariège. André MALRAUX , à son retour d'Espagne et de sa participation aux Brigades Internationales, proposa à Max AUB de participer au scénario du film L'Espoir, Sierra de Teruel, dont de nombreuses scènes furent tournées à Villefranche de Rouergue.

Les autorités françaises organisèrent avant et après l'occupation nazie des Groupements ou Compagnies de Travailleurs Etrangers, la Main d' Oeuvre Immigrée ou Mouvement Ouvrier International, des Régiments de marche de Volontaire Etrangers, etc. Les espagnols pouvaient sortir des camps à la seule condition d'avoir un contrat de travail. Ils furent employés dans l'industrie, les mines, les barrages en construction, l'agriculture, les travaux forcés. Un grand nombre de ces Travailleurs Etrangers participa à l'effort de guerre aux ordres des autorités françaises. Beaucoup furent employés pour  consolider la Ligne Maginot. Mais en juin 1940, après l'invasion allemande, environ 7 000 d'entre eux furent envoyés dans des Stalag en Allemagne puis vers le camp d'extermination par le travail de Mauthausen en Autriche. Environ 5 000 y moururent. Parmi les plus célèbres Rotspaniers survivants de Mauthausen, Francesc BOIX a une place de choix. Il travaillait au laboratoire photographique du camp. Il monta un réseau de jeunes Républicains Espagnols, les «  Poschacher  » qui firent sortir clandestinement environ 20 000 photos du camp. Ces photos furent utilisées lors du procès de Nuremberg, où Francesc BOIX témoigna, pour accuser les dirigeants nazis.

 

Jean VAZ, Président de Memoria Andando de Decazeville, présenta son travail intitulé  ; « Les réfugiés espagnols en Aveyron de 1937 à 1960 », fruit de longs mois de recherche aux archives départementales de Rodez.

Il rappela que l' Aveyron est parmi les 10 départements français à avoir accueilli le plus grand nombre de Réfugiés espagnols. Il rappela le parcours de ses parents. Au début des années 1920, ses grands-parents maternels arrivèrent dans le Bassin de Decazeville, où environ 5 200 personnes d'origine espagnole étaient installées. Sa mère naquit dans le Bassin. Dès le début de la Guerre d' Espagne, une vingtaine d'hommes revint dans son pays d'origine pour défendre la République dans les Brigades Internationales. A la fin du mois de janvier 1939, environ 2 400 réfugiés civils arrivèrent en gare de Rodez, dont environ 1 000 femmes et 1 000 enfants. Ils furent répartis entre 43 communes du département. La communauté espagnole déjà présente les accueillit avec beaucoup de solidarité. Mais elle n'était pas généralisée. Leurs maris étaient dans les camps de concentration du littoral et les familles tardèrent plusieurs mois à se retrouver. Son père, Silvestre arriva en février 1939. Il avait été emprisonné dans les camps de Prats de Mollo près de la frontière puis à Septfonds. Plus tard il rencontra sa future épouse. Comme le dit Jean VAZ, il est le résultat de deux exils  : économique et politique. En septembre 1939 la main d'oeuvre française réquisitionnée est remplacée par environ 1 500 internés des camps d' Argelès, Saint Cyprien, Bram, Septfonds qui travaillèrent dans les mines, les carrières, les forêts, les barrages, etc.

Jean VAZ évoqua aussi les conditions de vie, la reconstitution des familles séparées dans plusieurs camps, la reconstruction des partis politiques, des syndicats, leurs divergences, parfois musclées et tragique. En juin 1940, certains réfugiés du Bassin qui étaient dans des Groupements de Travailleurs Etrangers furent recrutés par les occupants nazis pour travailler de force dans l' Opération Todt, dont parla Peter GAIDA, Docteur en Histoire et ex Maître de Conférence à l' Université de Brême en Allemagne, dans son intervention intitulée  : « ROTSPANIER, travailleurs forcés espagnols de la Seconde Guerre Mondiale ; Victimes oubliées du nazisme ». Ils participèrent ainsi à la création de bases navales pour sous-marins allemands dans le littoral atlantique. Jean VAZ évoqua la participation des Réfugiés espagnols dans la Résistance et ses maquis. Vers la fin 1941, Silvestre GÓMEZ, alias « Margallo » créa un premier groupe de résistants espagnols. Un groupe antifasciste de Républicains Espagnols se créa dans le Bassin en juin 1942, dirigé par Amadeo LÓPEZ, alias « Commandant Salvador » et en septembre 1943 naissait la 9e Brigade de Guerilleros qui fut la première à rentrer dans Rodez pour la libérer le 18 août 1944. Jean VAZ parla aussi de leur intégration empreinte de dignité, de leurs espoirs de retour, de leurs désillusions.

Mais il évoqua également les créations d'associations et leur ferme intention de maintenir la Mémoire de leur pays, de leur culture, de leur guerre, de leur exode, de leur exil, de leur sacrifice et leur volonté de dénoncer la terrible répression franquiste. En toute logique Jean VAZ participa en 2003 à la création de Memoria Andando, dont il est le Président. Sa volonté est de « pérenniser l'empreinte de cet exil exemplaire et maintenir vivante la culture espagnole, composante essentielle de la double identité de tous ces français, fils, filles et petits-enfants de Républicains Espagnols ».

 
Le public fut très ému lorsque Jean VAZ rendit hommage à tous ces fiers espagnols aujourd'hui disparus. Il évoqua surtout Eduardo CASTRO, alias « El Sevilla » disparu le 10 septembre 2019 à l'âge de 103 ans. Il participa à la Guerre d'Espagne dès l'âge de 20 ans, il connut les camps de concentration français, les Groupements de Travailleurs Etrangers, participa à la création de réseaux résistants. Il fut arrêté par les allemands en 1944, il s'évada lors de son transfert vers l' Allemagne pour créer un autre maquis. Il fut inexplicablement arrêté par les troupes alliées et emprisonné à Compiègne, puis à Londres. Il ne revint dans la Bassin de Decazeville qu'en mai 1946.

Jean VAZ rendit hommage aussi à tout ce que ces hommes et ces femmes ont apporté à l'économie, à la vie sociale et culturelle de la France, sans oublier tout ce que l'Espagne a perdu avec le départ de tous ces républicains. Il voulut que tous soient présents dans la Mémoire des participants au Colloque. Comme le disait Federico GARCÍA LORCA, le poète Républicain abattu froidement par les fascistes dans les premiers jours de la Guerre d'Espagne  : « Rien n'est plus vivant qu'un souvenir ».

 

D'autres intervenants parlèrent en détail de la participation des Républicains espagnols à la Résistance française. Dans beaucoup de départements, comme l'Aude, les Guerilleros Espagnols étaient connus pour leurs sabotages, leurs attaques contre les nazis et leur participation essentielle dans les libérations de plusieurs départements. L' Ariège fut libérée par la 3ème Brigade de Guerilleros Espagnols de la 2ème Division, dont José Antonio ALONSO, alias «  Commandant ROBERT » était le chef d' Etat Major. En mai 2003 il fut décoré des insignes d'officier de la Légion d' Honneur. Jusqu'à sa mort, le Commandant ROBERT était Président d' Honneur de Memoria Andando.

Beaucoup de Républicains Espagnols s'engagèrent dans la Légion Etrangère Française pour sortir des camps de concentration. Mais sous le Régime de Pétain, la Légion était dirigée par une Administration favorable à l'occupant nazi. Nombre de Républicains désertèrent pour rejoindre les Forces de la France Libre du Général Philippe LECLERC basées en Afrique du Nord. Ils seront incorporés dans la IIème Division Blindée. Ainsi naquit la 9ème Compagnie, La Nueve, aux ordres du Capitaine Raymond DRONNE, essentiellement composée de Républicains Espagnols qui participèrent activement à la Libération de Paris. Les chars de la Nueve, qui portaient des noms espagnols entrèrent à Paris le 24 août 1944 au soir. Le soldat qui entra le premier dans la Mairie de Paris, pour escorter le Capitaine DRONNE s'appelait Amado GRANELL, né à Valencia. Le lendemain le Général LECLERC entra à Paris avec le reste de la IIème D B.

 

Mais d'autres intervenants parlèrent aussi de tous ces Républicains Espagnols, et plus particulièrement des femmes, qui ne purent s'enfuir lors de la Retirada. Ils durent vivre ou plutôt survivre à la dure répression institutionnalisée par le dictateur Franco, jusqu'à sa mort le 20 novembre 1975. Ce fut le sujet des interventions de Maryse ROIG, Marie ROLLAND et Odette MARTÍNEZ-MALER, qui est Maître de Conférence au département d'études hispaniques à l' Université Montpellier 3. Elle est aussi Présidente du CERMI. (Centre d' Etudes et de Recherche sur les Migrations Ibériques).

Les femmes républicaines en Espagne payèrent un lourd tribut à la barbarie du dictateur Franco et son bras armé la Phalange. La dictature instaura une répression systémique et systématique. Les humiliations, les tortures furent organisées légalement, scientifiquement et impitoyablement. 
Ainsi, la triste « Loi de Fuite  » permettait que toute personne soit exécutée, sans procès, d'une balle dans la tête ou dans le dos, sous le prétexte qu'elle voulait échapper à la Justice, même si cette personne sortait tranquillement de chez elle ou du Commissariat où elle avait été convoquée. La « Croisade contre les bolchéviques » menée par Franco, justifia des lois dignes de l'eugénisme aryen des nazis. En effet, Antonio Vallejo Nágera fut le promoteur de la « ségrégation totale ». Il était Commandant dans l'armée franquiste et psychiatre. Sous l'ordre de Franco, il mena des recherches sur des prisonnières Républicaines et des membres des Brigades Internationales qui étaient dans les bagnes franquistes. Sa conclusion scientifique fut que « l'infériorité mentale des Rouges est causée par l'existence d'une dégénérescence chez les femmes qui participent à la politique  ». Pour sauver « la race espagnole », il préconisait de séparer les enfants de leur mère républicaine, de les confier à des familles fascistes ou à des associations ou centres gérés par l' Eglise espagnole et la Phalange. Les enfants devaient être « coupés de toute ambiance démocratique et confiés à des centres spécialisés où serait promue une exaltation des qualités bio-psychiques de la race ». De plus, et conséquemment, beaucoup de bébés furent volés aux familles républicaines, déclarés morts à la naissance puis confiés à des familles franquistes ou des centres religieux pour être « redressés ».

Les femmes subirent une répression sexuée odieuse, car elles étaient « mères, filles, épouses, sœurs de Rouges ». Elles étaient enfermées dans des prisons surpeuplées, parfois avec leur bébé ou leurs enfants. Elles furent exécutées sommairement, sans motif véritable, comme les « 13 Roses » dont certaines étaient mineures. L' Eglise espagnole, qui retrouvait les pouvoirs dont la République les avait privé, justifiait auprès du Vatican les exactions du régime franquiste.

Certaines républicaines, comme elles l'avaient fait au début de la Guerre en devenant Miliciennes (volontaires civils qui prenaient les armes pour défendre la République), rejoignirent les résistants au régime franquistes, los Maquis, dans les régions de León, Asturias, Aragón, Valencia et d'autres. Elles servaient de liaison avec les hommes ou luttaient elles mêmes. Ces résistants au régime, Los Maquis, étaient considérés par la Justice comme des « bandoleros », des bandits jusqu'en 2001.

 

Joseba ECEOLAZA LATORRE exposa également tout ce que les Associations de Mémoire Historique font en Espagne pour réhabiliter la Mémoire, l'honneur et la dignité des Républicains. Ses propos étaient traduits par Alexandre SANTANA, membre de Memoria Andando et Caminar.

En 2004, la Navarre fut la première région à adopter une Loi autonomique de Mémoire Historique en Espagne. Joseba ECEOLAZA LATORRE en était le rédacteur. Depuis, des familles de plus en plus nombreuses, procèdent à la recherche et l'exhumation de leurs proches disparus, sommairement jugés et exécutés puis jetés dans des fosses communes, des fossés le long de routes ou sentiers, ou de murs de cimetières.

Les associations de Mémoire Historique interviennent dans les établissements scolaires et sont soucieuses d'éclairer les jeunes sur des sujets qu'ils connaissent à peine ou que leurs parents ont peu à peu oublié. Cette amnésie collective a été mise en place par la Transition Démocratique, que certains appellent la Trahison Démocratique, après la mort du dictateur Franco. Des sondages auprès de jeunes étudiants d' Universités révèlent qu'à peine la moitié sait combien d'années a duré la dictature en Espagne, quand mourut le dictateur. Très peu savent qu'il y avait des résistants au régime (los Maquis, los Huidos) encore moins que certains (los Topos) ont dû se cacher très longtemps après la défaite républicaine.

Ces Associations accomplissent un travail de Mémoire exemplaire et infatigable. Joseba ECEOLAZA LATORRE rappelle que la Mémoire Historique, la Mémoire Démocratique et donc Républicaine est le meilleur «  antidote à l'intolérance et à l'oubli  ». Mais il avoue avec crainte et regret que la montée en puissance du parti d' extrême droite Vox met en danger leur combat. Mais il s'engage à le mener sans fin et sans faiblir, comme les autres Associations de Mémoire Historique le firent quand elles décidèrent « d'ouvrir les entrailles de la terre pour récupérer la Mémoire de leurs proches  ». pour finir, Joseba ECEOLAZA LATORRE évoqua le transfert des ossements du dictateur Franco du Valle de los Caídos au cimetière Mingorrubio de Madrid. Beaucoup d'assistants au Colloque s'en sont réjoui, en disant qu'il était grand temps de le faire.

 

Finalement, l'intervention la plus remarquée, émouvante et applaudie fut celle de Josep ALMUDÉVER MATEO, un monsieur dynamique et attachant qui vient de fêter ses 100 printemps.

Il est né à Marseille en 1919, puis sa famille revint à Alcásser, près de Valencia. A 17 ans il s'engagea dans les Brigades Internationales pour défendre la République. Il raconta son parcours et quelques souvenirs, comme l'évacuation du port d' Alicante à la fin mars 1939, où s'entassaient environ 20 000 personnes, dont 3000 enfants. Ils attendaient que des bateaux les évacuent vers l' Algérie, surtout vers Oran. Mais les Marines franquiste et mussolinienne bloquaient l'entrée du port. Seul le bateau anglais Stanbrook put évacuer 3000 personnes. Josep fut bloqué sur le port et assista à des scènes horribles. Un soldat républicain prit le temps de se raser devant une femme qui était sur le point d'accoucher sur des sacs de farine. Puis il se trancha la gorge pour que les franquistes n'aient pas la joie de l'arrêter. Beaucoup de personnes se lançaient à la mer, nageant pour atteindre le bateau, même sans savoir nager et se noyèrent.

Il fut arrêté et emprisonné dans les camps de concentration franquistes, les bagnes d' Albatera puis des Almendros (des Amandiers) près d' Alicante, entre autres. Dans ce camp il crut avoir perdu la vue. En effet, un soir il avait repéré que les amandiers étaient chargés de jeunes amandes. Mais le lendemain il n'en voyait plus aucune. Un autre prisonnier plus âgé lui expliqua que le camp était plein d'hommes affamés qui n'avaient pas mangé depuis des jours et qu'ils les les avaient dévorées en guise de festin. Il connut d'autres bagnes et prisons franquistes, la Prison Modelo de Valencia, celle d'Aranjuez, etc. Puis il s'enfuit pour atteindre la France dans laquelle il participa à la Résistance.

Pour terminer son intervention et clôturer le colloque, Josep ALMUDÉVER MATEO était fier de sortir son drapeau tricolore de la 2ème République Espagnole. Il leva son poing droit comme il le faisait à 20 ans et chanta une version très personnelle et parodique du tristement célèbre « Cara al sol », l'hymne franquiste. 

 

Inauguration

Geneviève Dreyfus-Armand

Jean Ortiz




Jean Vaz

Josep                     Joseba                    Alex


Josep y Alex

    
     

 

Autres rencontres :

Memoria Andando sera représentée par quelques uns de ses membres aux Journées Manuel AZAÑA à Montauban les 7, 8 et 9 novembre 2019. En effet, Manuel AZAÑA DÍAZ est le dernier Président de la 2éme République espagnole. Il passa la frontière le 5 février 1939. Il habita Collonges puis au Pyla sur Mer. Le 10 juillet 1940 sa famille fut arrêtée par la Gestapo, aidée de quelques Phalangistes espagnols. Manuel AZAÑA dont la santé déclinait arriva à Montauban. Le 16 septembre il eut un grave infarctus. Il mourut le 3 novembre et le 5 novembre 1940 il fut enterré au cimetière de Montauban.

   

Puis, le 15 novembre 2019 au local de Memoria Andando, en partenariat avec Mescladis, une réunion sera organisée sur  «  L'importance des langues, de toutes les langues  ». La réunion sera animée par Jean François Mariot et Christian SICRE.
 


Date de création : 14/01/2020 18:37
Dernière modification : 14/01/2020 19:08
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