Les images de la foule de réfugiés ukrainiens qui se pressent aux frontières de leur pays résonnent cruellement avec celles de l’exil des réfugiés espagnols, nos parents pour de nombreux membres de Memoria andando, il y a 83 ans. Après presque 3 ans de guerre, vaincus par une coalition fasciste Franco-Hitler-Mussolini, près d’un demi-million de républicains et révolutionnaires espagnols n’eurent d’autre recours que de fuir une implacable répression, minutieusement programmée par les vainqueurs qui imposeront en Espagne une dictature sanglante qui s’est prolongée pendant presque 40 ans. L’accueil souvent inhumain de ces déracinés fut indigne de la part des institutions de cette France de « la liberté et des droits de l’homme ».
Il semble que les deux millions d’ukrainiens qui fuient cette guerre épouvantable provoquée par la paranoïa obsessionnelle d’un dictateur dont le délire est de reconstituer l’empire tsariste et soviétique, sont accueillis avec plus d’humanité et de responsabilité par une Europe inquiète. Et c’est très bien, même si l’on peut regretter que cette humanité soit sélective et n’ait pas concerné par exemple les millions de Syriens qui eux aussi fuyaient les massacres de la coalition Bachar-el Assad/ Poutine.
Descendants ou amis de l’exil espagnol de 1939, nous savons les souffrances engendrées par la guerre et la douloureuse nostalgie définitive qu’impose le déracinement. Au moment où les missiles russes pleuvent sur l’Ukraine, nous condamnons donc avec force cette injustifiable invasion poutinienne d’un état souverain, souhaitons que soient déployés tous les moyens qui peuvent conduire à une paix rapide et demandons que tous les réfugiés qui fuient l’Ukraine assassinée soient accueillis dignement et que le droit d’asile soit enfin respecté.
Jean Vaz |