VOSOTROS NO CAÍSTEIS Muertos al sol, al frío, a la lluvia, a la helada, junto a los grandes hoyos que abre la artillería o bien sobre la yerba que de puro delgada y al son de vuestra sangre se vuelve melodía ! Siembra de cuerpos jóvenes, tan necesariamente descuajados del triste terrón que los pariera, otra vez y tan pronto y tan naturalmente semilla de los surcos que la guerra os abriera. Se oye vuestro nacer, vuestra lenta fatiga, vuestro empujar de nuevo bajo la tapa dura de la tierra que al daros la forma de una espiga siente en la flor del trigo su juventud futura. Quien dijo que estáis muertos ? se escucha en el silbido que abre el vertiginoso sendero de las balas, un rumor, que ya es canto, gloria recién nacida Lejos de las piquetas y funerales palas. A los vivos, hermanos, nunca se les olvida cantad ya con nosotros, con nuestras multitudes, de cara al viento libre, a la mar, a la vida. No sois la muerte, sois las nuevas juventudes. RAFAEL ALBERTI |
| VOUS N'ÊTES PAS TOMBÉS Morts sous le soleil, le froid, la pluie, le gel, près des grandes trouées qu'ouvre l'artillerie, ou bien sur I'herbe qui est si frêle qu'au rythme de votre sang elle devient mélodie ! Semis de jeunes corps, si fatalement arrachés au triste terroir qui les enfanta, à nouveau et si tôt et si naturellement graines pour les sillons que la guerre vous creusa. On entend votre naissance, vos efforts sans répit, votre poussée, à nouveau, sous le couvercle dur de la terre qui, en vous donnant la forme d'un épi, ressent dans la fleur du blé sa jeunesse future. Qui a dit que vous étiez morts ? On écoute dans le sifflement qui ouvre le vertigineux sentier des balles, une rumeur qui devient chant, gloire née récemment loin des pioches et des funèbres pelles. Les vivants, frères, jamais on ne les oublie, chantez donc avec nous, avec nos foules fidèles, face au vent libre, à la mer, à la vie, vous n’êtes pas la mort, vous êtes la jeunesse nouvelle. poème de RAFAEL ALBERTI |