Je pourrais brièvement rappeler ce que disent de Nilda Fernández les différentes biographies parues sur Internet. Toutes mettent en lumière une trajectoire que lui-même qualifie de «hasardeuse». Et c'est vrai que depuis les années 90 et ses premiers succès avec « Entre Lyon et Barcelone », « Madrid, Madrid » sa carrière se construit sur des envies, des défis, des expériences, des ruptures, des départs et des rencontres. Il a vécu et chanté plusieurs années en Russie, chanté en duo en Argentine avec Mercedes Sosa (disparue récemment), il a monté un spectacle avec des artistes de cirque à Cuba, mis en scène « Carmen » avec des artistes de flamenco, séjourné quelques temps chez les indiens du Nord du Canada, sillonné la France dans une roulotte tirée par des chevaux ... C'est un chanteur du monde et dans son dernier album « Ti Amo » (ou « Les plages de l'Atlantique »), sorti en janvier 2010 et enregistré à Gênes, tout lui ressemble et tout surprend dans les thèmes, les musiques, les instruments, les influences, les bruits... C'est certainement ce qui lui fait dire avec tendresse et humour « je ne finirai jamais de justifier mes hasards ». Et c'est le hasard qui a permis un jour notre rencontre, à Figeac où il avait été invité par la municipalité pour l'inauguration en 2006 de l'importante exposition du Conseil Régional « Il était une fois la République espagnole ». A la suite des hommages rendus à l'exil espagnol par différentes personnalités Nilda a prononcé quelques phrases courageuses sur l'illégitimité dans l'Espagne actuelle de la monarchie même constitutionnelle car elle a été mise en place par le franquisme qui a lui-même renversé le seul régime légal, issu des urnes, la République. Ces propos m'ont paru bien sûr très intéressants et lors du vin d'honneur nous avons fait plus ample connaissance. Je lui ai parlé de Memoria Andando et de fil en aiguille nous en sommes venus très naturellement à l'idée de présenter un récital à Decazeville. Tout de suite d'accord, nous avons convenu d'une date (avril 2007) et je peux vous assurer qu'il s'est montré très compréhensif pour ce qui est du cachet. Je l'ai depuis revu plusieurs fois ; il est bien sûr un poète, un musicien, un chanteur, mais au-­delà de l'artiste il est un homme droit, simple, généreux,                                                   un caballero, un honnête homme.                                                                                               Jean Vaz